Archives de catégorie : Notes d’atelier

Pour moins souffrir…

Dans l’atelier, on crée des conditions favorables pour faciliter l’ouverture au sensible en mobilisant les sens mais, pour moins souffrir, les personnes en grand mal-être se coupent de leur sensorialité, la porte du se sentir vivant et se privent ainsi des matières du monde .

Pourquoi, refoulent-ils le vivant ? Pour ces personnes, le vivant revêt souvent les couleurs de la catastrophe et semble prédire un danger de dissolution ou d’éclatement. 

Au service de l’émergence de la forme, les accompagner sur leur fil de funambule entre étonnement et crainte d’un désastre en les aidant avec beaucoup de prudence, à apprivoiser les sensations, paroles issues du corps, et s’ouvrir peu à peu à tout l’inventaire des réponses offertes par la matière : couleurs, textures, formes… et toutes les polarités primordiales qui s’accordent les unes aux autres : lourd/ léger, transparence/opacité, lumière/ombre…

L ‘ouverture nécessite d’accepter sa vulnérabilité. Cela demande délicatesse et attention pour qu’elle soit, pour eux, progressive et sans danger.

Un des rôles de la forme

Il m’arrive d’accompagner des personnes dont le monde m’est complètement inconnu; je ne peux m’appuyer sur aucune résonance sensible ou même sensorielle. Tout m’est étranger. Le retour vers la forme est mon seul référent, ma boussole. Encore un des rôles majeurs de la forme: s’aventurer dans des contrées avec elle pour unique repère…

Un monde où trouver place

Ce monsieur que je reçois depuis des années, souffrant d’une maladie psychique stabilisée, ne s’était senti accepté jusque là que par le milieu médical qui avait su identifier ses troubles.

Il découvre maintenant un sentiment de fraternité avec les artistes dont on est amené à parler au cours de ses séances. Il dit trouver des frères chez les artistes et les poètes et a l’impression de rencontrer un monde où il peut enfin trouver sa place.

Mental et corps

Ce que fait le mental : organiser, réguler, contrôler, sens de la surface et des contours ; Son défaut : tentation de généraliser, d’uniformiser ; son cri de ralliement : tenir ! sa peur : se perdre. Son talent : nommer. 

Ce que sait le corps : rythme, musicalité, espace et profondeur, jeu ; son défaut : se taire ; son cri à lui : jouir ! sa peur : disparaître ; Son talent : résonner.