La vie intérieure de nos ancêtres s’est constituée sur le modèle des fleuves, des montagnes, des arbres, de la nuit et du jour…
Notre corps d’adulte a gardé la trace de l’espace natal de l’infans. Nos mouvements psychiques, émotionnels sont à l’image des mouvements de déploiement qui animent profondément la vie de tous les éléments mouvants de la nature : le flux des fleuves, le déplacement des nuages, l’alternance du jour et de la nuit, les changements de lumière…
Nous sommes aussi animés par les mouvements internes de ce qui pourrait sembler immobile : Ce n’est pas la connaissance de la hauteur ou des mesures de l’arbre qui comptent mais la perception corporelle de son mode de déploiement, l’arbre est d’abord une forme en formation dont le principe d’animation est l’élévation tout autant que la poussée ascensionnelle est le mode de déploiement de la montagne. Notre espace psychique s’est constitué en captant les modes de déploiement de tout ce qui fait partie de la nature.
Au primitif et à l’enfant, la montagne ou l’arbre a appris l’élévation, le ravin la chute, l’oiseau le hors-sol, le ciel le non-délimité, l’eau le flux etc
Pour exister intérieurement et aussi émotionnellement, nous avons besoin d’apprendre des émergences de la force vitale des arbres, des nids, des oiseaux …: l’arbre nous redresse et nous apprend la dignité, l’oiseau nous soulève et nous traverse d’ondes de joie, le nid nous rassemble et nous adoucit, la fleur nous déploie…
Dans une lettre, le poète Hugo Von Hofmannsthal écrit : La plupart des gens ne vivent pas dans la vie, mais dans un simulacre, dans une sorte d’algèbre où rien n’existe et où tout seulement signifie. Je voudrais éprouver profondément l’être de toute chose.