Archives par mot-clé : art et thérapie

Announcement: Art-Thérapie

Désolé : sa famille et ses amis proches vous informent du décès accidentel de Ruth Nahoum le dimanche 8 mai 2022. En cas de nécessité veuillez joindre son frère par email : jonahoum@icloud.com

Ce blog rend compte des réflexions et des découvertes rencontrées au cours de ma pratique d’art thérapeute par des écrits au jour le jour et des textes plus théoriques. L’ art thérapie comme le travail créateur n’a de sens que si on se maintient dans une recherche toujours vigilante et vivante. (N’hésitez pas à m’envoyer des commentaires – à voir au début de chaque article).

Art Thérapeute et formatrice à l’INECAT, je propose dans mon atelier, situé près de Paris, des séances d’art thérapie en individuel pour tout public. (Ateliers en distanciel pour les personnes qui n’habitent pas Paris ou la région parisienne et pendant les restrictions sanitaires.)

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2 Ateliers en petit groupe pour étudiant(e)s, Médiat(rice)eur et Art Thérapeute en 2021/2022: début des sessions Novembre.

ATELIER SENSORIEL Prendre soin de nous et de nos accompagnements – Session de 10 ateliers

ATELIER POST-FORMATION Questionner et approfondir le sens de l’accompagnement à la lumière de ses propres processus de création
Session de 8 ateliers 

voir détails sur Supervision et suivi de pratique pour thérapeutes | Art-thérapie – la médiation de la création

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Extrait vidéo de la journée de clôture du
Séminaire mensuel à la Halle Saint-Pierre 2017

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image du jour
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Vous trouverez des informations sur l’Auteur du Blog, Mon parcours, les buts de ce blog dans Pourquoi et les renseignements sur “les ateliers”, les “suivis de pratique” et “les stages”.

Articles écrits par l’auteur du blog :

Revue “Art et Thérapie”-Terre-n°66/67, Juin 1999  De l’ensevelissement du modèle… Interview de Gérard Bignolais

Revue “Art et Thérapie”n°72/73, Déc.2000 La jeune fille mutique et le corps enclos

Revue “Art et Thérapie”n°82/83-Sept.2003, La présence à l’œuvre, l’œuvre en présence

Revue “Art et Thérapie”n°90/91-Mai 2005, Art thérapie plastique et psychothérapie avec Virginie Granboulan

Revue “Art et Thérapie”n°92/93-Déc. 2005, Il y a un bug entre ma mère et moi avec Virginie Granboulan

Revue “Art et Thérapie”n°98/99-Fév. 2008, Corps de sensations – la verticalité

Revue L’erre”-n°25-Mars 2008,  L’art comme thérapie ? Un art de l’accompagnement

Revue “Art et Thérapie” n°106/107-Mars 2011, De l’informe à la non-forme

Revue “Art et thérapie”n°110/111-Mai 2012, La rencontre avec l’œuvre- la rencontre à l’œuvre

10 Revue de la FFAT 2014, La matière

11 Revue “Synodies”, Septembre 2016, Matières et sentiment d’existence

12 Revue de la FFAT 2017, Le langage en art thérapie avec Edith Viarmé

13 Revue « Traversées » – Journées d’automne, Novembre 2018,  Du geste au « faire monde » – Colloque de la SFPT-AT à Paris

14Revue “Traversées” – Journées d’automne, Décembre 2019,  De l’irreprésentable – Colloque de la SFPT-AT à Paris

15Revue “Hexen” – Eté 2020, La pudeur

16Revue “Art et Thérapie” n° 126 /127, Décembre 2020, A la rencontre d’un tableau avec Marie-Jeanne Balligand

17 Revue “Art et Thérapie” La représentation à l’épreuve de l’irreprésentable– à paraître en 2021

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L’ art-thérapie de Jean-Pierre Klein Edition PUF 2001 dans la collection Que sais-je
Revue Art & Thérapie
A visiter:
voir site personnel artistique
site de l’INECAT et Inecat Art-Thérapie

Du langage-objet à la chair du langage

Texte de la conférence donnée à l’occasion du Colloque de la FFAT en Mars 2017

La place du langage et plus souvent, de la parole dans l’accompagnement est délicat et pose beaucoup de questions.

Le langage verbal serait incapable de s’approcher du vécu, d’en rendre compte et pousserait à une posture objective qui fige. La mise en mots chosifierait l’expérience créatrice ou la dévaluerait comme étant juste éphémère et anodine.

De plus, la mise en mots dévoile notre vulnérabilité car elle nous confronte à cette incapacité de notre langage à être à la hauteur de l’expérience éprouvée. Du coup, il y a le risque de s’embourber dans l’explicatif, la justification ou la banalité.

La plupart du temps, que l’on soit en position d’art thérapeute ou de personne accompagnée, le langage se limiterait à du commentaire inutile ou nous acculerait à ce que nous avons voulu dire dans la forme, un « vouloir dire », qui ne peut, souvent, que nous fourvoyer, et stopper le mouvement qui nous porte en avant de nous vers ce mystère qu’est la forme.

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Dans les premiers temps de mise en création (surtout chez l’adulte), il y a souvent à endurer des moments de flottement et d’errance qui ont à se désencombrer de toutes ces questions que l’on peut se poser : « pourquoi je fais ça, ça sert à rien, de toute façon je ne saurais pas quoi en faire, ça n’a pas de sens etc. »

Quand j’ai commencé, je n’arrêtais pas de me dire « tais-toi ! tais-toi ! » ; je devais résister à la tentation de parler, car je pensais que ma parole éviterait à la personne cette phase fragile du flottement.

Grâce à ma stabilité et mon appui, une qualité d’attention silencieuse, je sais maintenant que cette 1ére phase si inconfortable pour elle et … pour moi, peut être essentielle pour laisser place ensuite à une autre phase où la personne va entrer dans l’écoute de ce que la mise en forme lui renvoie en termes de sensations, impressions, images, états d’âme…le mystère peut commencer à opérer… Continuer la lecture de Du langage-objet à la chair du langage

Cindy et le soleil

Cette petite fille mutique, non seulement ne disait rien mais se déplaçait sans bruit, ouvrait son cartable très lentement pour qu’on n’entende pas la fermeture éclair, bougeait les objets en feutrant au maximum les bruits. Elle était sans parole et elle imposait tout autour d’elle le silence.

Après un certain nombre de séances sans qu’elle émette un son et qu’elle ne fasse de bruit, je joue à imiter par des bruitages les petits sons que font malgré tout les choses comme le bruit de son pinceau ou du crayon sur le papier, le son du papier ou de ses pieds au sol. Elle en est surprise et amusée. Une autre fois, elle joue à tracer à la craie, au tableau noir plus grand qu’elle, des lignes verticales de toutes les couleurs en sautant pour atteindre la partie supérieure du tableau ; sa joie de l’effort physique lui permet d’oser des halètements que j’encourage et auxquelles je réponds en haletant moi-même par jeu. Toutes ses lignes grâce à ses sauts vers le ciel (?) organise le tableau en un ballet bondissant d’énergie.

A ma demande de terminer la séance par un dernier trait, elle dessine un rond et fait conjuguer toutes les lignes vers lui. Je lui dis combien je suis  émerveillée par sa réponse du rond-soleil.

Elle se met elle aussi à inventer des bruitages ou des onomatopées d’une petite voix murmurée et nous nous répondons de cette façon en riant. Elle commence une autre séance en dessinant au tableau noir une grande bouche et m’adresse ensuite ses premiers mots! d’abord des mots courts et chuchotés puis, de séance en séance, elle s’enhardit, construit des phrases et se met à parler.

La sensorialité, soubassement du sensible.

Université Paris Descartes– Conférence donnée à l’occasion d’un séminaire sur “Ecrire le sensible à l’heure du numérique” en Novembre 2016

Le numérique intensifie la rupture avec le monde réel et plus particulièrement nous prive du monde des matières. Par ailleurs, on sait que l’une des conséquences du mal-être, c’est la rupture du rapport avec le corps et, par conséquence, la rupture du lien avec la matière.

Seul le corps a ce savoir des matières, il en est le dépositaire et l’opérateur.

J’aimerai insister sur l’un des axes essentiels de l’accompagnement en art thérapie qui est justement de favoriser la création ou la recréation du lien entre la personne et les matières du monde.

Cette rencontre avec le monde des matières est une des séquences fondatrices du processus créateur.

Cette première séquence du processus créateur, se situe donc bien avant la recherche d’une mise en forme, bien avant tout désir de représentation, figure ou dimension symbolique.

Le temps de l’expérience artistique est rythmé entre action et contemplation et il est bien sûr présent aussi dans cette expérience de la matière.

Quels sont les registres mobilisés par ce « corps » éveillé par les matières?

1ére phase : Il y a d’abord l’action du corps en rencontre avec la matière :

Ce qui est à l’œuvre dans cette connaissance de la matière, c’est la sensorialité et la motricité : les portes du corps que sont les 5 sens, et plus précisément le toucher et les gestes ; juste plongé dans l’univers des sensations et les vivre le plus pleinement possible en étant attentif aux émergences spontanées dans l’instant : envies de gestes, attention à certaines sensations etc. Continuer la lecture de La sensorialité, soubassement du sensible.